La dissonance cognitive est un concept central en psychologie sociale qui permet d’expliquer les comportements individuels face à la contradiction entre différentes croyances ou attitudes. Ce phénomène s’apparente à une tension interne poussant l’individu à rétablir la cohérence de son système de pensées et de ses actions. Cet article propose de passer en revue les notions clés autour de la dissonance cognitive, ainsi que des stratégies employées par les individus pour résoudre cette tension interne.
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ToggleLe principe de la dissonance cognitive
Développé par le psychologue social Leon Festinger au milieu du 20e siècle, le concept de dissonance cognitive repose sur l’idée que la mise en évidence d’une incongruité entre deux ou plusieurs éléments cognitifs (croyances, attitudes, valeurs, etc.) provoque chez l’individu une tension désagréable qu’il cherchera à réduire. Cette tension peut également se manifester lorsque les actions d’une personne sont contradictoires avec ses convictions, lui conférant alors un sentiment d’incohérence interne.
Exemple de dissonance cognitive
Imaginons le cas d’un fumeur convaincu des méfaits du tabac sur sa santé, mais incapable pour autant d’arrêter de fumer. La coexistence de ces deux idées opposées engendre chez lui une dissonance cognitive, source de malaise et d’inconfort psychologique. Pour réduire cette tension, le fumeur peut adopter différentes stratégies, telles que minimiser l’importance des conséquences du tabagisme ou encore se rassurer en évoquant des exemples de personnes ayant fumé sans développant de graves problèmes de santé.
Les bases théoriques de la dissonance cognitive
La théorie de la dissonance cognitive s’appuie sur plusieurs postulats clés pour expliquer la dynamique interne à l’origine de cette tension :
- Les individus ont besoin de cohérence et de consistance dans leur système de pensées et de comportements ;
- La confrontation avec des éléments cognitifs contradictoires engendre une tension désagréable appelée dissonance cognitive ;
- Lorsqu’ils sont confrontés à une dissonance cognitive, les individus cherchent à rétablir l’équilibre en modifiant leurs attitudes ou leurs comportements afin de les rendre congruents entre eux.
L’intensité de la dissonance cognitive dépend de facteurs tels que l’importance accordée aux éléments cognitifs concernés (plus une croyance est centrale pour l’individu, plus la dissonance ressentie sera importante) ou encore la proportion d’éléments dissonants et consonants au sein du système de pensées (un grand nombre d’éléments dissonants accentue le malaise).
Stratégies de résolution de la dissonance cognitive
Lorsqu’une dissonance cognitive se manifeste, plusieurs mécanismes peuvent être mis en œuvre par l’individu pour rétablir la cohérence de son système de pensées :
Changement d’attitudes
L’une des stratégies les plus courantes consiste à modifier l’une des croyances ou attitudes en cause. Par exemple, dans le cas du fumeur évoqué précédemment, il peut tenter de minimiser sa perception des risques liés au tabac, voire changer d’opinion sur la nocivité du tabagisme.
Action compensatoire
Une autre tactique consiste à adopter un comportement compensatoire pour atténuer le sentiment de culpabilité engendré par la dissonance cognitive. Le fumeur pourrait ainsi décider de faire davantage de sport ou de manger plus sainement pour compenser les effets néfastes du tabac sur sa santé.
Tentatives de justification entre les éléments dissonants
Il arrive également que les individus cherchent à justifier et rationaliser leur position en trouvant des arguments qui permettent d’accorder les éléments cognitifs contradictoires. Dans l’exemple du fumeur, ce dernier pourrait se persuader qu’il est moins à risque car il consomme des cigarettes « light » ou parce qu’il fume depuis moins longtemps que d’autres personnes ayant développé des problèmes de santé.
Implications et études de cas en psychologie sociale
De nombreuses recherches en psychologie sociale ont mis en lumière l’influence de la dissonance cognitive sur nos attitudes et comportements. Son rôle s’avère ainsi central dans le domaine des études sur la formation, le maintien et l’évolution des croyances ou opinions individuelles. Au-delà de la sphère personnelle, des travaux ont également montré comment les mécanismes de dissonance cognitive pouvaient expliquer des phénomènes sociaux tels que le conformisme, le support à une cause politique ou encore la radicalisation religieuse.
L’escalade de l’engagement
L’un des aspects les plus connus de la dissonance cognitive concerne le phénomène de « l’escalade de l’engagement », à travers lequel les individus qui ont pris une décision investissent davantage de temps et d’efforts pour défendre leur choix initial, en dépit d’informations contraires. Cette attitude s’explique par la volonté de réduire la dissonance entre les informations remettant en question la légitimité de leur choix et leur propre croyance en la justesse de cette décision.